Synopsis
La Guerre de Sécession perdure, désespérant le général Alexander, qui réunit son état-major, et envisage une nouvelle stratégie. Il envisage de provoquer une révolte chez la population noire sudiste afin de déstabiliser les lignes ennemies. Les Nordistes sont en effet censés officiellement se battre pour l'abolition de l'esclavage et la liberté de la population noire. Le régiment de Stark étant décimé, ils décident d'envoyer les deux cavaliers survivants, Blutch et Chesterfield en territoire ennemi. Ils accompagnent pour cela un fossoyeur noir, qui se fait surnommer par les soldats Black Face. Malheureusement, Blutch et Chesterfield se retrouvent séparés de leur homme, qui se rend alors auprès de la population locale, pour prêcher la révolte, non pas uniquement contre les Sudistes, mais contre la population blanche tout entière. En effet, Black Face considère que, qu'on soit chez les Nordistes ou chez les Sudistes, la solution pour les noirs reste la même : ils sont toujours inférieurs aux Blancs, et ne peuvent se prétendre libres.Très vite, la situation dégénère. Incontrôlable, Black Face se met à détruire tout ce qu'il y a sur son chemin, multipliant les incendies et les attaques contre les civils, avant de traverser la frontière pour se rendre dans le camp des Nordistes. Alexander se retrouve alors face à une révolte de Noirs dans le camp censée défendre la cause des Noirs ! Dès lors, il ne peut éteindre cette révolte sans provoquer de sérieux problèmes politiques. Pour cette raison, le général décide de faire appel à un lieutenant sadique mis aux arrêts, Ripley, un tortionnaire raciste sans le moindre état d'âme, qui a pour charge de tuer Black Face en se faisant passer pour un Confédéré. Réfugié dans une église avec ses hommes, Black Face refusera de se rendre, considérant que, de toute manière, il sera exécuté, et affronte jusqu'à la mort Ripley et ses hommes. Le combat se terminera dans une effusion de sang, ne laissant aucun survivant.
Personnages
- Sergent Chesterfield : à l'honneur dans cet album, Chesterfield se fâche très rapidement avec "Black Face", qui, en contrepartie, le surnomme Blanc d'œuf. Éternel naïf, Chesterfield croit en effet dur comme fer que la raison fondamentale de cette guerre est l'abolition de l'esclavage, et a par conséquent du mal à comprendre pourquoi "Black Face" se montre aussi désagréable avec lui. Il serait sans douce excessif de considérer Chesterfield comme un personnage raciste, mais la manière dont il envisage la condition noire, et la manière dont il lui arrive parfois de parler des Noirs est ambivalente. Sans condamner la population noire, il ressort clairement des idées de Chesterfield une forme de supériorité de la population blanche sur les Noirs, les Blancs devant aider et logiquement guider ces derniers. On comprend aisément en ce sens pourquoi lui et "Black Face" ne peuvent s'entendre.
- Caporal Blutch : en retrait dans cet album, Blutch est un spectateur neutre et impartial, qui laisse la plupart du temps Chesterfield et "Black Face" se taper dessus, sans émettre véritablement d'opinions sur les causes de cette guerre. Blutch est assez lucide dans cet album. Il se rapproche assez de "Black Face" dans leurs opinions sur la guerre, et partage sans doute son avis sur le fait que les Noirs ne sont qu'un prétexte dans cette guerre, mais ne cherche pas à prendre position.
- Black Face : personnage central de l'album, "Black Face" est une allégorie, un personnage sans nom, qui incarne brièvement toute la frustration d'une population qui, peu importe où elle se trouve, est toujours considérée comme une espèce inférieure devant se battre pour prouver aux Blancs qu'ils sont dignes d'être comme eux, d'être considérés comme des "hommes", ainsi que le sous-entend à plusieurs reprises Chesterfield. "Black Face" est un personnage intelligent et désabusé, qui sait pertinemment que, derrière les mensonges des Nordistes, la situation des Noirs, libres ou pas, ne change pas, car ils sont condamnés à exercer des travaux médiocres et à affronter le mépris de la population.
- Lieutenant Ripley : malade mental nordiste remis en circulation pour résoudre le problème "Black Face". En effet, quand ce dernier retourne dans les pays nordistes et commence à propager la révolte, Alexander doit trouver une solution pour éviter de déshonorer les forces de l'Union. Il envoie donc Ripley, un lieutenant tortionnaire et cruel, se battre contre les Noirs révoltés. Ripley ne laissera aucun survivant, mais mourra dans cet assaut avec tout son régiment. Étant donné sa réputation, il est probable que sa mort ne manquera pas à grand-monde.
- Général Alexander : le général envisage dans cet album une stratégie fumeuse et risquée pour affaiblir les Confédérés. Si on admet en effet que les Nordistes se battent pour l'abolition de l'esclavage, et donc, par extension, pour la liberté et les droits de la population noire, son idée ne semblait pas si mauvaise que ça... En réalité, Alexander sait très bien que les causes profondes de cette guerre ne sont pas la promotion de la liberté des Noirs, mais il escompte probablement sur la crédulité de cette population, considérée comme inférieure, pour se battre en leurs noms. Son plan se retourne malheureusement contre lui, car les Noirs sont loin d'être aussi crédules que ne l'est Chesterfield, et se retourneront, autant contre les Sudistes que contre les Nordistes. Il ressort en définitive une image peu glorieuse du général, qui est responsable d'un véritable carnage.
- Capitaine d'État-Major Stephen Stilman : apparemment, Stilman ne semble pas très utile. Durant l'exposé du plan d'Alexander, il ne cesse de toussoter bruyamment, comme s'il avait avalé son zeste de citron, ce qui fait qu'il n'est pas très attentif, et dérange les autres officiers. Cependant, Stilman agit à la fin, en sauvant d'une mort certaine Blutch et Chesterfield. Loin d'être un simple officier incompétent, il s'incarne dans cet album comme un homme avisé et qui ne se fait pas d'illusion, commençant ainsi à toussoter dès le moment où Alexander parle de l'abolition de l'esclavage, comme si la simple idée que cette guerre puisse servir à la cause de la population noire lui semble tellement saugrenue qu'on ne peut qu'en éternuer bruyamment. Il sauve Blutch et Chesterfield en suivant sa conscience, trouvant que le massacre a assez duré, exprimant tout haut ce que les autres officiers pensent tout bas.
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