Les Tuniques Bleues est une série de bande dessinée humoristique racontant les aventures du sergent Cornélius M. Chesterfield et du caporal Blutch, militaires dans l'armée de l'Union à l'époque de la guerre de Sécession. Au-delà du comique des situations et des personnages, cette série relate les horreurs de la guerre

lundi 6 janvier 2014

Album n°6 : La Prison de Robertsonville

La Prison de Robertsonville est la dix-septième histoire de la série Les Tuniques bleues de Lambil et Raoul Cauvin. Elle est publiée pour la première fois du no 1875 au no 1892 du journal Spirou, puis en album en 1975.

Synopsis

La Guerre de Sécession fait rage. Autour d'un fleuve, les deux camps s'affrontent, chacun cherchant à en prendre le contrôle. Une bataille entre les Nordistes et les Sudistes semble conduire à la victoire des Nordistes, les Sudistes se repliant sur des positions reculées. Malheureusement, dans la bataille, le sergent Chesterfield et le caporal Blutch sont capturés par l'ennemi avec d'autres Nordistes, et font marche vers la tristement célèbre prison de Robertsonville. En chemin, Chesterfield et Blutch parviennent à se brouiller avec l'un des plus dangereux gardiens de la prison, Cancrelat. Garde hargneux et vindicatif, il deviendra rapidement l'ennemi juré de nos deux héros, faisant tout ce qu'il est humainement possible de faire pour leur nuire.
Dans la prison, Blutch et Chesterfield seront toutefois protégés par le lieutenant de la prison, qui est tellement énervé par leur attitude qu'il veut les briser avant de les tuer. Cancrelat ne pourra ainsi pas les tuer, tandis que les deux héros multiplieront des tentatives d'évasion variées et complexes, semant un vent de zizanie dans la prison. Toutes les méthodes du lieutenant se retourneront contre lui : la "Cabane", consistant à enfermer les prisonniers dans une petite cellule en bois et à les laisser là, pendant la journée, sous le soleil ; le refus de les nourrir ; leur imposer des travaux supplémentaires... À chaque fois, les deux teigneux se serviront de ces punitions pour essayer de s'échapper. Ils essaieront finalement 5 fois de s'évader :
  • Leur première tentative sera par le biais de la "Cabane", où ils creuseront un trou dans le sol en essayant de s'enfuir, avant d'être rattrapés par le lieutenant, qui leur tombera littéralement dessus ;
  • Leur second essai sera d'essayer de découper les fils barbelés pendant la nuit ;
  • Leur troisième tentative sera de s'enfuir à travers le chariot de ravitaillement des biens ;
  • Leur quatrième entreprise consistera à se faire passer pour des femmes d'une association fictive militant pour le droit des prisonniers, l'A.P.G. ;
  • Leur cinquième et dernière tentative sera de se camoufler en soldats confédérés.

Personnages

  • Sergent Chesterfield : il est la forte tête de la prison. Indomptable, colérique, il n'hésite pas à taper sur les gardes, notamment Cancrelat, à se moquer d'eux, et essaie surtout de s'évader par n'importe quel moyen, faisant preuve d'une imagination sans faille. Cependant, Chesterfield, connu par sa malchance, verra successivement toutes ses tentatives échouées, plus par effet du hasard, que par une erreur dans ses plans. Plus il échoue, plus il a envie de s'évader à nouveau... ce qu'il finira tant bien que mal par faire, déclenchant au passage un nouveau combat entre les Nordistes et les Sudistes !
  • Caporal Blutch : l'éternel compagnon de Chesterfield déroge ici à ses habitudes, puisque, non content de charger l'ennemi, il les traque même après la fin de la bataille, ce qui lui vaut d'être blessé, fait plutôt rare chez Blutch, qui se contente la plupart du temps de simuler. Il suivra malgré lui les tentatives de Chesterfield, préférant plutôt travailler tranquillement dans la prison. Toutefois, s'il rechigne oralement à aider Chesterfield, il l'aidera du mieux qu'il peut.
  • Cancrelat : le fameux garde irascible de Robertsonville est probablement surnommé ainsi en raison de sa laideur repoussant. Peu apprécié, tant des prisonniers que des gardes, Cancrelat est un gardien cruel et autoritaire, qui déteste qu'on s'oppose à lui. Il réapparaîtra dans des albums postérieurs, devenant ainsi le grand rival de Blutch et de Chesterfield, ne pouvant s'empêcher de devenir hystérique à chaque fois qu'il les recroise.
  • Ralph : prisonnier nordiste capturé en même temps que Blutch et Chesterfield. Sans participer aux tentatives d'évasion de Chesterfield et de Blutch, Ralph sera tout de même très impressionné par ces derniers. Il finit par devenir responsable de la distribution en nourriture, et est ainsi au courant de toutes les actualités concernant la prison, ce qui lui permettra d'aider les deux compères à essayer de s'évader en leur communiquant des informations. Il finira par les prendre pour des héros, et intercédera en leur faveur à la toute-fin de l'album.

Anachronisme

L'album fait référence à l'utilisation de fil de fer barbelé entourant la prison de Robertsonville. Or, le fil barbelé n'a été utilisé qu'à partir des années 1870/1880.

Analyse

La prison de Robertsonville est inspirée d'une prison similaire, qui avait existé durant la Guerre de Sécession, la prison à ciel ouvert d'Andersonville, tristement connue pour l'état de santé critique de ses pensionnaires. Beaucoup de prisonniers moururent en effet de la malnutrition, des mauvais traitements, et des maladies. L'album montre ceci de manière comique et discrète : travail forcé et harassant consistant à couper des arbres de l'aube au soir, punitions lourdes et cruelles, comme la Cabane, des conditions sanitaires rudes, les prisonniers dormant à même le sol.

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